Geoffrey de Noüel
Un BTS viti oeno en poche en 2012, Geoffrey de Noüel fait ses armes chez Etienne de Bonnaventure (l’un des meilleurs vignerons du Chinonais). En 2016, il a l’opportunité de reprendre un domaine sur Sainte Maure de Touraine situé sur de beaux terroirs délaissés.
Enjoué, il n’hésite pas une seconde et s’oriente vers une culture biologique et se concentre vers des vinifications parcellaires. De ces 10 hectares répartis dur 5 communes, il nous offre des Cabernets de haute volée, forts en saveurs de fruits rouges bien mûrs et de nuances épicées.
Attaché au bon sens paysan, Geoffrey revendique une viticulture propre, sans chimie. Pour ramasser de beaux cabernets à maturité, il s’acharne : taille courte, travail des sols. Il veut maîtriser tous les travaux à la vigne, délégant peu les tâches.
Au chai, les vinifications sont les plus naturelles possibles, il n’exclura pas une dose homéopathique de sulfites si le vin est en danger.
Hormis « L’Affreux Jojo » et le « Brigand Côt » issu de macérations courtes en cuve ; les autres cuvées parcellaires sont élevées traditionnellement en fûts de 225 litres ou 400 litres. Les vins vont patiemment s’épurer sur leurs lies fines, les tanins vont s’affiner pendant plus de 18 mois. Afin de ne pas effacer toute la pureté aromatique de ces jus, Geoffrey ne filtrera pas et ne collera pas ses vins. Il marquera ainsi de fortes empreintes minérales faisant la diversité de ses cuvées.
Je propose de découvrir deux de ses vins : « Clos de Pleuvrie » et le « Bois Bonnard » séparés seulement par un versant. Issus de terroirs d’argiles à silex, ils se distinguent par leur texture et leur toucher de bouche. « Clos de Pleuvrie » (issu de versant sud et d’une vinification partielle en grappes entières) s’affirme par des tanins ciselés, légèrement anguleux, marqué par des saveurs épicées, sanguines et fruits rouges (groseille et framboise). Dans un registre plus suave et aux tanins civilisés, « Bois Bonnard 2017 », au style sudiste, au nez de fruits mûrs (mûre et cassis) et de réglisse, offre un profil plus chaleureux et ne manquant pas d’élégance.
Le talent de Geoffrey ne se résume pas à ces belles cuvées d’élevages. Les vins de cuve sont friands et d’une gourmandise rare. Goûter son « Brigand Cöt », c’est se plonger dans des effluves de fruits rouges et d’épices douces. Le velouté des tanins de son côt résume parfaitement la maîtrise de la vinification en grappes entières où il évite l’écueil d’une extraction variétale et révèle gracieusement la sapidité de coriace cépage.
La force d’un grand vigneron est de maîtriser ses vinifications, ses terroirs, par sa sensibilité, son approche perfectionniste. Geoffrey de Noüel relève ici tous les défis du métier de vigneron.
Je vous souhaite de belles découvertes gustatives !
Damien Lherbette
